Le mot « Miséricorde » dans le Magnificat

Cardinal Philippe Barbarin

Je voudrais souligner à quel point il est beau d’entendre le mot « Miséricorde », prononcé deux fois dans le Magnificat, même si la traduction française utilise le mot amour. « Sa Miséricorde s’étend d’âge en âge » (Lc 1, 50). Dans le texte grec, qui ne comporte pas de verbe, il est dit simplement : « Sa miséricorde, de génération en génération, pour tous ceux qui le craignent. » En français, on a traduit : « Son amour s’étend d’âge en âge », mais il faut reprendre le mot biblique « Miséricorde ». Un jour, en chantant le Magnificat aux vêpres, j’ai pris conscience que la Vierge Marie nous offrait dans ce verset un merveilleux résumé de toute la Bible [ 1], la Loi, les Prophètes et les Psaumes !… Puis, au verset 54, on le rencontre à nouveau : « Il se souvient de sa Miséricorde, comme il l’avait dit à nos pères. »

Depuis l’origine, Dieu n’a rien d’autre à dire et à donner que « sa Miséricorde ». Et l’objet de la promesse se réalise dans la venue du Messie. Tout le monde sait que le mot Évangile vient du grec euangelion ; mais peu ont entendu dire que le mot promesse, epangelia en grec, est très proche de lui. J’espère qu’un jour, une bonne traduction française nous permettra d’entendre qu’il s’agit de la même racine. Épangile, c’est la promesse (pourquoi ne pas introduire ce mot épangile comme un nouveau mot français, puisqu’on a gardé celui d’Évangile ?). Dieu a un amour incommensurable pour nous, et l’Évangile, c’est la réalisation de cette promesse dans la venue de Jésus (que l’on pense au cantique de Noël : « Depuis plus de quatre mille ans, nous le promettaient les prophètes… »).

Ce que la Vierge Marie proclame dans le Magnificat, c’est que la grande promesse qui court à travers l’Ancien Testament, le cœur de son message n’est rien d’autre que la Miséricorde divine. Maintenant, regardez, ouvrez les yeux et vous verrez ce qu’Il accomplit : « Il se souvient de sa Miséricorde, comme il l’avait dit à nos pères » (Lc 1, 54).
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[ 1] Si je puis me permettre, je vous invite à faire un petit exercice. Mettez-vous en présence d’une personne qui n’est pas chrétienne et qui vous dit : « Résume-moi la Bible en une phrase. » Vous allez trouver des phrases assez belles, inscrites en profondeur dans votre mémoire spirituelle, dans votre cheminement spirituel, et cela peut être, pour vous, assez révélateur de votre personnalité spirituelle.
(Extrait de Oser le défi de la réconciliation – Avec Marie, Mère de Miséricorde, vivre la réconciliation, p. 23-24)